Tralalaphobies contre péché
Par P. Vianney le lundi 5 août 2013, 18:27 - Cogitation - Lien permanent
Ou la victoire par KO de la morale sur la pseudo psychiatrie ambiante...
Il y a quelque chose que je ne comprends pas. Oui, j'utilise le verbe "comprendre", parce qu'il s'agit d'une très simple question de raison.
Voilà plusieurs mois, voire plusieurs années maintenant, que j'entends parler tous les jours (tous les jours !!!) de gens -phobes de tous gen... ah non, "genre", ici, ça désigne autre chose, maintenant... de tous types, condamnés sans autre forme de procès en raison de leurs phobies, dont chacun sait aujourd'hui - les médias nous le disent souvent, donc c'est vrai - qu'elles sont créées par leur milieu, voire - horreur ! - par leurs parents qui sont contre le progrès.
Dans le même intervalle de temps, j'entends parler de personnes ayant commis des crimes, parfois atroces, dont j'apprends que, en fait, ce sont de grands malades qu'on ne peut condamner en raison de leurs maladies, ou bien parce que ce sont de pauvres gens qui sont des victimes de la société qui les a conditionnés ainsi.
Le lecteur, à la simple lecture de cet étrange parallèle, comprendra que je ne comprends pas.
Nous avons donc des malades condamnables en raison de leur maladie d'un côté, et non condamnables en raison de leur maladie de l'autre côté. Ah bon ?
Nous avons donc des gens conditionnés par leur milieu et condamnables pour cette raison d'un côté, et des gens conditionnés par leur milieu et non condamnables pour cette raison de l'autre côté. Ah bon ?
Je ne comprends pas.
Ou plutôt, si, je comprends.
La psychiatrie, c'est du pipeau, puisque ça donne des résultats aussi contradictoires. Au diable la psychiatrie !
(Je n'attaque pas ici la "vraie" psychiatrie, pourtant créée par un obsédé sexuel voyant des malades partout, surtout chez les gens sains, mais seulement de la pseudo psychiatrie ambiante qui classe toute personne selon sa maladie supposée. Remarquez pourtant que le procédé est le même... allez comprendre !)
Je préfère à la pseudo psychiatrie, qui enchaîne à une maladie souvent imaginaire, la morale qui considère que toute personne est libre d'agir parce que douée d'intelligence et de volonté.
Je préfère à la pseudo psychiatrie, qui déresponsabilise, la morale qui considère que toute personne est responsable de l'acte qu'elle a décidé.
Je préfère à la pseudo psychiatrie, qui classe les personnes dans des cases où elles mourront sans possibilité de changer, la morale qui considère qu'une personne qui s'exerce chaque jour à agir bien devient chaque jour meilleure tandis qu'une personne qui s'en fout ou qui s'exerce chaque jour à agir mal devient chaque jour pire... tout cela sans présager du lendemain, car l'histoire montre que les conversions (dans les deux sens) sont toujours possibles, même quand elles sont affreusement difficiles.
Je préfère parler de péché, qui engage la personne libre et responsable, que de phobie qui n'engage personne.
Je préfère parler de péché, qui condamne le criminel et protège la victime, que de phobie qui condamne la victime et protège le criminel.
Je préfère parler de péché avec la morale, qui promet un salut, que de phobie avec la psychiatrie qui promet une thérapie à vie, et à vie foutue puisque rien ne sera réparé.
Le seul problème, c'est que la morale condamne et sauve le psychiatre avec le pécheur, quand la psychiatrie absout le psychiatre ; dans un monde où tout le monde est devenu le médecin des autres, évidemment, c'est plus confortable.
Mais je préfère être pécheur et sauvé que malade et foutu.
Choisis ton camp.
Commentaires
Tu sais quoi ? Il donne un peu mal à la tête ton article... Mais bon, éclairé par ta dernière homélie, si on le remet dans l'idée de la responsabilité de chacun, ça s'explique.
Oui, y'en a marre de la facilité et de la fuite...
Oui, y'en a marre de la peur et de la culpabilité excessive... Faire des erreurs, ça arrive, c'est aussi comme ça qu'on progresse...
Oui, y'en a marre de chercher des coupables ailleurs que chez soi...
Oui, la parabole de la paille et de la poutre a encore de beaux jours devant elle...
Oui, il est important d'arrêter de prendre les gens pour des c*ns et de les faire grandir, leur donner à la fois le sens de la liberté et la responsabilité qui va avec... Chacun à sa mesure, selon ses talents, mais sans assistanat excessif...
Vive la vie, soyons créatifs, soyons libres, soyons lucides, soyons responsables !
Et je me goure peut-être, mais je crois que des rassemblements comme les JMJ, comme le Grand Kiff, peuvent donner ce type d'élan... Une énergie, loin des replis délétères, qui pousse au positif, à aller de l'avant plutôt qu'à rester dans son pré carré...
Lu deux fois ces cogitations ... pense avoir compris pour l'essentiel !
mais je me souviens en souriant d'un épisode ( très ponctuel ...)
où j'ai encore un peu mieux compris que notre responsabilité première est de faire le nécessaire pour rester libre d'agir en responsable.
Dans ce cas-là, il s'agissait d'une nuit sans sommeil pour un hôte , ce qui l'a empêché d'offrir une véritable rencontre- échange à qui l'espérait ...
En beaucoup plus sérieux, la frontière entre le fait d'être pleinement responsable et celui d' être blessé dans sa réelle liberté n'est pas une nette ligne rouge ou blanche !
Je l'affirme à partir d'expérience de dépression. Mais sans aller jusqu'à cette gravité,
il nous faut constamment être attentifs à notre liberté d'agir.
Vrai bonheur de constater qu'au fil des années, ce réalisme se précise et se renforce.
Chère M-Th,
vous êtes la preuve vivante qu'une femme n'oublie jamais
Mais effectivement, la leçon a, ce jour-là, été cuisante. Si elle avait été unique, quel rêve ! C'est un combat fréquent...
Évidemment, la responsabilité peut être diminuée, voire quasiment supprimée (mais jamais totalement), quant aux actes, par des circonstances atténuantes. Il n'empêche que c'est une vérité de foi que nous sommes toujours libres d'agir bien !
Et il est aussi évident que la psychiatrie (que j'ai un peu rapidement confondue dans mon article avec la psychanalyse) est une chose nécessaire et sans doute bonne quand elle est exercée de manière juste. Sachant que je suis peu qualifié pour en juger, d'ailleurs.
Il n'empêche que la maladie n'est pas la norme, la liberté, si. Être malade, c'est anormal ; ne pas être responsable, c'est anormal. Et que le plus grave obstacle à la liberté, ce n'est pas la maladie, dont nous ne sommes pas responsables, mais le péché, dont nous sommes responsables.
Chère Tigreek...
Amen !
Impeccable mais à la morale, je préfère le mot éthique, qui se réfère à la règle d'or "ne fais pas aux autres ce que tu ne veux pas qu'on te fasse" ou encore "traite les autres comme tu souhaites en être traité".
La morale est un concept trop fluctuant, trop dépendant de la culture dans laquelle elle s'inscrit et trop facile à détourner (en ce moment même, par exemple, par Peillon et sa "morale laïque") et, comme il n'est jamais explicité parce que tout le monde pense que sa signification va de soi, on en arrive à des jugements opposés émis, de chaque côté, au nom de "la morale". Pour moi, ce mot évoque un rocher, une sorte de monolithe sans âme sur lequel se brisent des vagues. Les vagues représentent la réflexion, l'empathie, l'intuition, etc.
"Il ne faut pas parce que c'est pas bien" pourrait résumer la morale. En ce qui me concerne, "c'est pas bien" n'est ni une raison, ni une motivation suffisante pour étayer le "il ne faut pas" et réguler un comportement.
C'est le moralisme petit-bourgeois du XIXème siècle et la réaction qu'il a engendré au XXème qui nous a mis dans notre situation sociétale catastrophique actuelle. Parce qu'ils ne comprenaient pas la morale "de papa" (comme ils disaient) et à quoi elle servait sinon à interdire (ils avaient trop entendu "fais pas ci, fais pas ça" sans qu'on leur explique pourquoi), les insurgés de 68 ont tout rejeté en bloc, le bon avec le mauvais. Et ils ont cru inventer l'eau chaude alors qu'ils ne faisaient que changer ce que la morale avait appelé vices en vertus. 68 a dit aux "vieux croûtons gardiens de l'ordre moral" : "Vous dites que c'est mauvais, nous disons que c'est bon uniquement pour vous contredire, sans plus de réflexion que vous". Et la même erreur, le manque de réflexion (qui a mené à juste inverser les étiquettes) a, de plus, fini par engendrer le même moralisme vertueux, les mêmes mimiques de dégoût, mais à l'envers !
Aujourd'hui, la terminaison "phobe" sert à désigner les méchants, ceux qui pensent "comme il ne faut pas, parce que c'est pas bien, c'est pas égalitaire ou respecteux, c'est immoral".
L'éthique de réciprocité qui dit "il ne faut pas parce que tu ne voudrais pas qu'on te fasse la même chose", elle, représente un gouvernail infaillible qui transcende toutes les cultures, toutes les religions, toutes les sociétés.
Non ?
Cher Alusz,
il se trouve que le mot "éthique" veut dire, à partir du grec, la même chose que ce que le mot "morale" veut dire, à partir du latin.
Il me semble donc que la distinction que vous faites d'abord entre morale et éthique est - à tort - la même que vous faites ensuite - à raison - entre morale et moralisme.
La morale, comme l'éthique, est la science de l'agir bon pour l'homme, et, à ce titre, je n'accepte jamais aucun "argument" du type "il faut parce que c'est comme ça". Jamais. Je n'accepte et n'enseigne de morale que s'adressant à des esprits libres assoiffés de vérité et de bien, même s'ils s'en défendent.
Et alors nous nous rejoignons
Alusz, Père Vianney,
Je ne suis pas sûre, quant à moi, que l'on puisse évacuer la notion de transcendance quand on parle de morale.
Je vais essayer de m'expliquer : en parlant d'éthique, je pense aux débats sur la vie, de son commencement à son terme, et en particulier sur la dignité de la vie humaine. Pour certains, la vie humaine ne vaut pas d'être vécue si on est atteint de handicap maladie grave... Pour certains, la recherche sur l'embryon est valable au nom du bien que l'on pourrait faire grâce à ladite recherche dans le traitement de maladies...
Bref, il semble qu'au nom de la dignité humaine, on puisse tuer (l'embryon, le malade ou handicapé - dès le sein de sa mère, même). L'argument des pro-euthanasie est de ne pas faire souffrir la personne...
Je ne suis pas d'accord avec cela, pour moi toute vie humaine vaut la peine d'être vécue. Et non, je ne suis pas doloriste, mais réaliste : la souffrance fait (malheureusement) partie de la vie. Pour ce qui est de la douleur physique, on peut la combattre ; quant à la souffrance morale, je crois qu'on peut la combattre aussi.
"ne fais pas à autrui ce que tu ne veux pas qu'on te fasse", ou son corollaire "fais-lui ce que tu voudrais que l'on fît pour toi" me semble trop relever de l'appréciation personnelle. Et cela me gêne.
Chère Amodeba,
je n'ai pas parlé de transcendance ou d'immanence... mais tu as raison, je crois bien qu'on ne peut tout simplement pas parler de l'homme en évacuant la transcendance. Et, quand on l'évacue, c'est la porte ouverte à n'importe quoi, y compris à la pire inversion des valeurs qui fait croire que le crime est un bien au même moment où l'on refuse de plus en plus le simple fait d'abattre un animal, fût-il dangereux. Ce qui montre à quelle confusion le reniement de la transcendance peut mener.
Quant aux deux maximes que tu proposes, elles sont toutes les deux issues de la Parole de Dieu : la première du livre de Tobie, la seconde du discours sur la montagne de Jésus, dans l'évangile de Matthieu. Elles ne sont pas équivalentes : la seconde est donnée par Jésus lui-même, et elle est infiniment plus exigeante que la première, comme tout commandement positif l'est par rapport à un commandement négatif.
Mais, comme tout passage de la Parole de Dieu, il s'agit de les lire et interpréter, ces deux commandements, à la lumière de l'ensemble de la Parole de Dieu. Notamment les dix commandements, notamment l'interprétation qu'en fait Jésus dans ce même discours sur la montagne.
Je savais que ces deux maximes étaient dans l'Ecriture merci de le rappeler et de rappeler comment les lire et les interpréter, sinon dans le détail (je veux dire par là : explication de texte), du moins en pratique (il ne faut pas les isoler de leur contexte).
Merci de cet éclairage intéressant entre psy et morale.
Vous avez bien montré les méfaits de la "pseudo-psy", on pourrait ajouter comme signe de la dérive de ces charlatans l'existence aux Etats Unis (et peut-être maintenant chez nous !) de psy pour chiens...
En tout cas, je conclue de votre article que Dieu, qui n'est pas tombé de la dernière pluie, a laissé se développer la psy et ses mauvais adeptes pour nous pousser vers la morale....
Dieu nous a donné la liberté, et il ne revient jamais sur ses dons parce qu'il est fidèle, lui.
La psychologie et la psychiatrie sont de bonnes et belles choses. C'est quand on les sépare artificiellement, pour accompagner une personne, de la morale qu'elles peuvent devenir mauvaises. Mais arguer de la morale pour dire que la psychologie et la psychiatrie sont de mauvaises choses a priori est une erreur : ce sont des connaissances et des outils passionnants et utiles, à leur place dans l'ensemble des connaissances de la nature humaine et des outils pour accompagner et soigner les personnes malades.