Je ne compte pas ici prendre position pour ou contre ces mesures : ce n'est pas mon rôle, ni ici ni ailleurs, et j'ai moins l'intention que jamais de provoquer un débat sur la justesse, l'équilibre ou le bien-fondé de ces mesures précises.
Je voudrais juste poser deux ou trois questions que je n'ai entendues nulle part jusqu'à maintenant, alors qu'elles me semblent de bon sens.

Danger de carambolages à la découverte d'un radar non annoncé par un panneau, comme c'est encore le cas actuellement ?
C'est à se demander si les personnes qui disent cela ont déjà pris le volant ces dernières années : pour moi, en tous cas, c'est assez insupportable de me faire doubler par un fou du volant qui, juste après, pile devant le panneau pour passer tranquillement à 110 km/h devant le radar. Ça m'arrive devant chaque panneau que je croise... pas vous ? On vit dans le même monde ?
Et mettre un panneau pour te prévenir que, là, et seulement là, tu vas être contrôlé, ça ne t'a jamais paru complètement aberrant ?
Quand tu dis à ton enfant que tu vas vérifier, une fois tous les trois jours, qu'il s'est bien brossé les dents (alors que, comme tout enfant, il déteste positivement se brosser les dents), tu peux être certain qu'il ne se brossera les dents que tous les trois jours. Un rien contre-productif, non ? Ce n'est certainement pas comme ça qu'il va apprendre à se laver les dents trois fois par jour. Bonjour les dégâts !

Prévention plutôt que répression ?
Pardonnez-moi, mais quand vous prévenez votre enfant que, s'il met sa main dans l'eau qui est en train de bouillir sur le feu, il va avoir très mal, c'est de la répression ? Quand vous lui dites que, s'il recommence à tirer les cheveux de sa petite sœur, vous allez lui mettre une fessée, c'est de la répression ?
Non, c'est de la prévention. Ce serait de la répression si, arbitrairement et sans avoir prévenu (d'où "prévention", figurez-vous, il suffit de savoir parler français), vous lui mettiez une mandale à la première incartade plus ou moins imaginaire. Là, oui, c'est de la répression. Le gouvernement syrien qui dégomme 1300 personnes en trois mois et en emprisonne des dizaines de milliers d'autres qui manifestent contre un régime inhumain, ça, c'est de la répression.
Mais dire : "si tu te manges une pile de pont à 150 km/h, tu n'y laisseras pas que tes dents, mais ta vie, et donc, si tu roules à 150 km/h, je tape dans ton porte-monnaie", histoire de t'inciter à lever le pied, ça s'appelle prévenir, et c'est donc de la prévention.
Oui, figurez-vous qu'annoncer la répression, normalement, ça permet d'éviter d'y arriver. Si tu n'es pas assez intelligent ou discipliné et que tu te fais flasher, mon ami, tu ne peux t'en prendre qu'à toi-même : tu ne peux pas dire que tu n'étais pas prévenu !

Se faire du fric sur le dos des conducteurs ?
Attendez, outre le macabre décompte des morts par empalement sur colonne de direction ou par découpage instantané dans les barrières de sécurité, faut-il aussi compter (ne me dites pas que ça n'a jamais été fait !) l'argent que coûte à la société chaque accidenté de la route, et la somme de toutes ces dépenses, entre les pompiers et autres services de sécurité et de santé d'urgence, la voirie, les dépanneuses, l'équipement à refaire, les opérations médicales complexes, les blessés graves à vie pris en charge par la Sécurité Sociale... je continue ?
N'est-il pas normal que les personnes qui s'exposent plus que les autres et qui exposent les autres à ce genre de désagréments casquent plus cher ?

 

Finalement, c'est toujours la même réponse qui revient : "c'est pas moi, c'est lui !"
Ce n'est pas à moi de faire attention à mon compteur de vitesse, c'est à celui qui est en face de moi de se pousser. Ce n'est pas à moi de signaler que je tourne à gauche avec mon clignotant, celui qui est en face de moi n'a qu'à le deviner. Ce n'est pas à moi de me rabattre à droite alors que je roule à 100 km/h sur une autoroute limitée à 130 km/h. Ce n'est pas à moi de faire attention, quand on est dans les bouchons, à laisser passer celui qui veut s'engager, parce qu'après tout c'est un "cédez le passage", et donc j'ai le droit de passer et il n'a qu'à attendre.
Ce n'est pas à moi de... c'est à l'autre. Et quand l'autre, c'est moi ? Eh bien c'est l’État qui prend le relais.

Et si, finalement, la question n'était-elle pas tout simplement : "et si je respectais les limitations de vitesse ?" Étonnamment, je ne l'ai encore entendue nulle part. C'est pourtant la première question qu'il faudrait se poser, corollaire de : "et si je prenais mes responsabilités ? et si j'arrêtais de me comporter comme un sagouin en râlant sur les autres ? et si je réfléchissais sur ce qui est réellement bon, au lieu de me comporter comme un gamin à qui on est obligé de poser des limites et de les tenir pour lui apprendre à devenir un adulte responsable ?"

Sortez de l'enfance, les amis, la France (que dis-je, la France ?... le monde) a besoin d'adultes !