Lectures du jour :

Première lecture : Jl 2,12-18 ;
Psaume 50,3-6.12-14.17 ;
Deuxième lecture : 2 Co 5,20-21.6,1-2 ;
Évangile : Mt 6,1-6.16-18.

Homélie :

En lisant le passage du prophète Joël ce matin, quelque chose m'a étonné.
Le Seigneur appelle son peuple à la conversion, à revenir vers lui, à se rassembler tout entier devant lui pour demander pardon au Seigneur. Tout cela, nous en avons l'habitude, rien d'étonnant un Mercredi des Cendres... mais le dernier verset vient là-dessus sans prévenir : "Et le Seigneur s'est ému en faveur de son pays, il a eu pitié de son peuple."
Comment ça ? Mais... Le prophète vient à peine de transmettre la Parole du Seigneur, les gens ne l'ont peut-être même pas encore entendue, et, déjà, le Seigneur s'émeut et prend pitié ? Mais... Ils n'ont encore eu le temps de rien faire !

Notre Dieu n'est pas un Dieu qui se laisse fléchir par les pleurs et les lamentations. Non. Il a déjà pardonné, il nous a déjà sauvés avant même que nous ayons entendu son appel à la conversion. "Rends-moi la joie d'être sauvé", dit le psaume : c'est déjà fait ! Je suis déjà sauvé ! Entrerai-je dans cette joie de Dieu qui me sauve ?

Dans le passage de l’Évangile selon saint Matthieu que nous venons d'entendre, Jésus reproche aux Pharisiens d'être hypocrites, c'est-à-dire de se composer une mine, une attitude, de manière à ce que l'on comprenne bien ce qu'ils font.
Et il ajoute : "toi, quand tu jeûnes, parfume-toi la tête et lave-toi le visage"... Serons-nous hypocrites, à rebours des Pharisiens, en nous composant nous-mêmes une mine joyeuse et une attitude alerte alors que notre cœur est dans la tristesse ?
Allons donc ! Nous n'aurions rien compris !

Ce que le Seigneur nous demande, ce n'est pas de nous composer une mine joyeuse quand nous jeûnons, mais que les cendres que nous allons recevoir sur notre front dans quelques instants n'altèrent pas notre joie profonde d'être sauvés par un tel Seigneur.
"Rends-moi la joie d'être sauvé !" Entrons aujourd'hui dans la joie de Dieu qui nous sauve ! Que la joie de Pâques ne soit pas la fin de la tristesse du Carême, mais le couronnement de sa joie.

À tous, je souhaite un joyeux Carême !