Lectures du jour :

Première lecture : Mi 5,1-4 ;
Psaume 79,2.3.15-16.18-19 ;
Deuxième lecture : He 10,5-10 ; 
Évangile : Lc 1,39-45.

Woaw ! Cela faisait longtemps que je n'avais pas pris autant de temps pour préparer (et même écrire !) une homélie ! Joie et bonheur !

Homélie :

Dans moins de quarante-huit heures, nous accueillerons dans nos crèches le plus petit de nos santons, et aussi le plus important, celui sans lequel il n’y aurait pas les autres : l’Enfant-Jésus.
Et je me rappelle mon émerveillement d’enfant, année après année, devant la crèche familiale toujours renouvelée, écrin accueillant enfin, après ces quatre semaines de l’Avent, la pierre infiniment précieuse pour laquelle elle avait été préparée en même temps que notre cœur…

Mais il est un écrin encore plus beau que notre crèche, ou même que notre cœur, qui a accueilli et qui accueille encore le Verbe de Dieu fait chair : c’est la Vierge Marie, la Mère de Dieu.
Regardons-la. Redécouvrons-la encore. Émerveillons-nous devant la merveille que le Seigneur a faite en créant la Vierge Marie ! Et je vous propose de la contempler un instant dans ces deux mystères joyeux qui sont évoqués pour nous dans la prière d’ouverture de cette messe, qui est aussi la prière de conclusion de l’Angélus, et dans l’Évangile : l’Annonciation et la Visitation. 

L’Annonciation.
Je ne crains pas de le redire : c’est pour moi sans doute le texte le plus touchant de tous les évangiles.
« L’ange Gabriel fut envoyé par Dieu à une jeune fille, une vierge : et le nom de la jeune fille était Marie ». Et nous connaissons tous par cœur, puisque j’espère que nous la disons tous les jours nous-mêmes, la salutation de l’archange à la Sainte Vierge : « Réjouis-toi, Comblée-de-grâce, le Seigneur est avec toi ».
Dans cette parole nous est révélée, comme en filigrane, la merveille qu’est Marie : « Comblée-de-grâce », c’est le nom qui lui est donné par l’ange de Dieu ! Dans la Vierge Marie, nous découvrons avec l’ange la nouvelle Ève, comblée au moment même de sa conception immaculée de la grâce de Dieu. Dès l’instant de sa conception, Dieu la comble de grâce, il la préserve du péché originel. Tout au long de son enfance, les traditions nous rapportent qu’elle a été placée au plus près du lieu de la présence de Dieu, au Temple de Jérusalem, et qu’elle a grandi au cœur même de cette promesse de Dieu à son peuple : « viendra un jour où enfantera celle qui doit enfanter ». Elle a appris cette promesse, elle l’a attendue avec tout l’élan de son âme préservée de tout péché.
Et voilà qu’elle découvre, dans la parole de l’ange, à la fois qui elle est, « Comblée-de-grâce », et sa vocation, « celle qui doit enfanter »… et l’archange dont le nom est « Force de Dieu », Gabriel, agenouillé devant elle, fille d’homme, qui attend sa réponse…
Mes amis, à cette évocation, nous devrions tous être à genoux avec l’ange, suspendus aux lèvres de Marie, émerveillés devant sa grâce toute simple, cachée jusque-là aux yeux des hommes et même à ses propres yeux… et émerveillés de sa réponse, elle aussi toute simple : « Je suis la servante du Seigneur, que tout se passe pour moi selon ta parole ». Quelle merveille, chers amis, quelle merveille ! Marie, une fille d’homme, « Comblée-de-grâce » accueille son créateur dans le temple de son corps !

La Visitation.
Élisabeth, « la stérile », image de la vieille humanité rendue inféconde à cause de son péché, accueille Marie, la Vierge-Mère, image et mère de l’humanité nouvelle rendue féconde grâce à l’amour de Dieu.
L’enfant des hommes, au cœur de sa vieille mère, condamné à souffrir et à mourir à cause de nos péchés, découvre, au cœur de la toute jeune Marie, le Fils de Dieu qui vient le racheter, le libérer de la souffrance et de la mort, le délivrer du péché.
Et c’est la joie : celui qu’on appellera Jean, « Dieu fait grâce » accueille celui que l’on appellera Jésus, « Dieu sauve », et danse de joie à son approche, comme David dansait de joie devant l’Arche de l’Alliance entrant à Jérusalem ! Et Élisabeth à son tour, sous l’action de l’Esprit Saint, se réjouit et découvre en Marie « celle qui doit enfanter » : « Comment ai-je ce bonheur que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? »
En proclamant « heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur », Élisabeth proclame son propre bonheur à elle de l’accueillir, d’être visitée par elle et par son enfant. Le bonheur de la Vierge Marie provoque le bonheur de ceux qui l’accueillent, parce qu’elle ne vient jamais seule : elle vient toujours pour nous donner Jésus, son fils, le Fils de Dieu, source de toute joie, « Dieu avec nous », « Dieu qui nous sauve » !

Chers amis, à deux jours d’accueillir l’Enfant-Jésus dans nos crèches, à deux jours d’ouvrir nos cœurs à la joie de la célébration de Noël, émerveillés, accueillons nous aussi dans la joie la Vierge Marie, la « Comblée-de-grâce », celle qui vient nous donner son fils, le Fils de Dieu.
Il n’est pas coutume de finir l’homélie par une prière, mais, aujourd’hui, je n’y résiste pas : tous ensemble, redisons, émerveillés, cette prière de l’Ange et d’Élisabeth.
Je vous salue, Marie, pleine de grâce, le Seigneur est avec vous. Vous êtes bénie entre toutes les femmes, et Jésus, le fruit de vos entrailles, est béni.
Sainte Marie, Mère de Dieu, priez pour nous, pauvres pécheurs, maintenant et à l’heure de notre mort. Amen.