Messe du 15 juillet, dans un camp où se regroupent cinq unités : quatre oranges (Louveteaux & Jeannettes) et une rouge (Pionniers & Caravelles). 150 enfants, la plupart de moins de dix ans, pour une homélie (qu'il faudra que je retranscrive ici à l'occasion, à la demande d'un certain nombre) pas vraiment adaptée à leur âge... Chaud. Au moins, il fait beau.
Je lance le pitch de l'homélie, extrait du psaume 84 : « Amour et vérité se rencontrent, justice et paix s'embrassent ». Un Louveteau s'écrie : "Aaaah ! Mais c'est dégoûtant !" Je m'interromps, un peu interloqué, puis je comprends et ne peux m'empêcher de lancer : "Mais non, tu comprendras quand tu seras plus grand !"
Au moins, je tiens les rouges, qui se marrent comme des baleines (14-17 ans ; je précise pour ceux qui ne connaissent pas).

Quelques minutes plus tard, je ne sais plus pour quelle raison, je fais mine de lancer un coup de pied dans celui d'une Jeannette assise au premier rang. Manque de pot, je mesure mal la distance, et je la touche. Légèrement. Elle hurle. J'avais réussi à taper dans le seul pied cassé sur trois cents. Bien joué. Je me confonds en excuses. Elle viendra me voir pendant tout le camp pour me parler... pas rancunière !
Une chose est sûre : je ne mettrai plus jamais de coups de pieds, même "pour de faux".

Quelques jours plus tard, je passe chez les Louveteaux de chez moi pour demander de la Biafine pour une cheftaine qui s'est délicatement posé une poêle brûlante sur le mollet.
"Bertrand-Anakin, pourrais-tu me passer la Biafine, s'il-te-plaît ?, demandé-je au chef qui tient la trousse infirmerie.
- De la Biafine ? C'est quoi ?, me demande un p'tit Loup qui passe par là.
- Eh bien, tu vois, c'est un peu comme de la crème anglaise, sauf que ça ne se mange pas !, lui réponds-je (oui, on pourrait aussi appeler cette rubrique "les bons mots du Padre", ah ah ! :) )
- Ah oui, c'est vrai, vous êtes en concours cuisine !"
Effectivement.

Ce jour-là, je célèbre la messe avec quelques Jeannettes volontaires, une petite dizaine, sur le bel autel qu'elles ont construit spécialement pour l'occasion (et je peux vous dire que, à part la hauteur, il était canon, cet autel ! Elles m'ont bluffé !). Elles sont toutes à moins de deux mètres de l'autel, elles voient tout, enregistrent tout... et me questionnent pendant plus d'une demi-heure sur tout une fois la messe finie. Ces petites sont génialement curieuses et veulent savoir aussi toutes les prières que je dis à voix basse.
Quelques heures plus tard, je vois un attroupement bien ordonné autour dudit autel... et je souris en reconnaissant la raison de l'attroupement. Sourire remarqué par Florence-Gertrude, qui accourt, ravie et en même temps un peu gênée qu'elles aient été surprises :
"Mon Père, on joue à la messe !
- C'est génial, ça !"
Rassurée, elle ajoute alors, avec le grand sourire enjôleur qu'elle sait prendre à l'occasion : "Et c'est moi qui fais le prêtre !"
Purée... et dire qu'elle n'a aucun avenir dans cette carrière, c'est quand même ballot ! Mes Louveteaux ont eu la messe la veille à leur camp. La même, le même nombre. Je n'en ai grillé aucun jouant à la messe. C'est pas de pot, vraiment... :)