6 juin : à question absurde, réponse de folie
Par P. Vianney le mercredi 6 juin 2012, 12:01 - Homélies - Lien permanent
... ou la logique du Bon Dieu.
Pour info : les lectures du jour , et surtout l’Évangile qui m'a inspiré cette réflexion qui a aussi été mon homélie de ce matin.
"Il y avait sept frères ; le premier se maria, et mourut sans laisser de
descendance. Le deuxième épousa la veuve, et mourut sans laisser de
descendance. Le troisième pareillement. Et aucun des sept ne laissa de
descendance. Et finalement, la femme mourut aussi. À la résurrection,
quand ils ressusciteront, de qui sera-t-elle l'épouse, puisque les sept
l'ont eue pour femme ?"
Pour mettre Jésus à l'épreuve, on lui pose une question absurde. Non pas qu'elle le soit forcément en soi : après tout, cette situation, même hautement improbable, pourrait se réaliser une fois dans l'histoire du monde... sait-on jamais ? Mais c'est que cette question est posée précisément parce qu'elle est absurde, pour faire trébucher Jésus, pour le mettre dans l'embarras.
Il y a 68 ans, au petit matin, des dizaines de milliers d'hommes se sont entretués sur des plages et dans l'intérieur des terres de Normandie, à cause d'une idéologie. Pourquoi, Seigneur ? C'est absurde.
Chaque jour, des hommes et des femmes tuent, quelque fois même au nom de Dieu. Pourquoi ? C'est absurde.
Chaque jour, des époux ou des épouses violentent, d'une manière ou d'une autre, leur conjoint. Pourquoi ? C'est absurde.
Chaque jour, la violence, le mensonge, le mal déchirent, torturent... Pourquoi ? C'est absurde !
Chaque jour, la même question absurde du mal est posée au Seigneur. Chaque jour, le même problème insoluble du mystère de l'iniquité est balancé à la figure du Bon Dieu. Et le but de cette question, s'il n'est peut-être pas de mettre Dieu en difficulté, est clairement de nous faire trébucher, de nous mettre en tentation, de nous faire douter ou nous révolter. Pourquoi, Seigneur, pourquoi ? Pourquoi tant de morts, tant de souffrance, tant de haine, tant d'obscurité ?
La question n'est pas la même que celle posée à Jésus, mais le but est le même : faire mal, faire douter, faire tomber.
La résurrection n'est pas une donnée évidente de la condition humaine. La résurrection n'est pas une conviction que l'on peut s'assurer de manière purement rationnelle à partir de notre expérience ou de ce que nous savons humainement.
La résurrection n'est même pas une preuve de l'existence de Dieu ou de sa bonté, ou de je ne sais quoi. La résurrection est objet de foi.
Ceux qui cherchent cette réponse évidente et nécessaire risquent bien d'entendre cette question violente et claire de Jésus : "N'êtes-vous pas dans l'erreur, en méconnaissant la puissance de Dieu ?"
La résurrection est la réponse à cette question absurde du mal et de la mort qui nous est crachée chaque jour à la figure par ceux qui veulent nous faire tomber, douter, nous révolter. Cette question absurde du mal et du néant, le Seigneur l'assume totalement, jusqu'au bout, sur la croix. À cette question absurde du mal et du néant, le Bon Dieu tout-puissant donne cette seule réponse, mais quelle réponse : celle de la vie éternelle victorieuse de la mort.
Des témoins ont vu Jésus mort puis vivant. Ils l'ont écrit, ils l'ont crié sur les toits, ils sont morts eux-mêmes plutôt que renier cette conviction absolue : Jésus est ressuscité, il est vivant !
N'empêche, zut alors ! moi, je ne l'ai jamais vu ! Ça me fait une belle jambe, alors, qu'ils le disent, mais pour moi, où est la preuve ?
Il n'y en a pas. La réponse du Bon Dieu, c'est la vie, la vie éternelle, et cette réponse, tu ne peux la recevoir de manière certaine que dans la foi. La foi en une personne en qui tu mets, volontairement, par décision libre de ta part, ta confiance. La foi en Jésus-Christ à qui tu te remets avec toute ta vie, toutes ces questions absurdes, parce qu'il est lui-même la réponse que tu choisis de croire.
Oseras-tu lui dire, simplement, librement : "Mon Seigneur et mon Dieu, je crois en toi, j'espère en toi, je t'aime" ?
Commentaires
100 % d'accord !
Et ce jour, C. est morte. Dans des conditions effroyables de souffrance et de douleur pour elle et ses proches et tous ceux qui sont impliqués d'une manière ou d'une autre.
Ce soir, je crie vers le Seigneur : "Mais pourquoi, Seigneur, pourquoi ?"
Et je peux réciter, les larmes aux yeux, le psaume 12, proposé à l'office du milieu du jour, prié juste après avoir appris la mort de C., le cœur en vrac, l'estomac en révolte, la tête en déroute...
Et, dans mon cri vers le Ciel, j'ose aussi ajouter : "Mon Seigneur et mon Dieu, je crois en toi, j'espère en toi, je t'aime ! Prends pitié de nous !"
Eh bien je vais tâcher de retenir l'existence de cette homélie pour pouvoir venir la relire ou la conseiller lorsque l'absurde traverse nos vies, comme pour cette personne que vous nous avez confiée. Merci Père.