Sans doute un mot suffit-il à résumer ces six derniers mois.

Joie !

Joie d'être prêtre, depuis bientôt six mois. Joie, dès le lendemain soir de mon ordination, de célébrer ma première messe dans la paroisse qui m'avait accueilli pendant trois ans, séminariste puis diacre. Joie de célébrer les Saints Mystères, jour après jour. La messe, joie du prêtre et épreuve de la foi : comment peut-il se faire que, de ce morceau de pain, de ces paroles et de mon intention, jaillisse, invisible, le Corps ressuscité de mon Dieu ? Comment ce peut-il se faire, autrement que par la grâce de Dieu, dans un silence assourdissant qui, le plus souvent, laisse le cœur assoiffé... "Je veux voir Dieu !"... et puis, tout à coup, te laisse estomaqué : "Il est là, et je ne l'avais pas vu !"
Joie, très vite, de célébrer ce si beau sacrement de la miséricorde de Dieu, sans doute, depuis tant et tant d'années à mes yeux, le plus beau des sept : le sacrement où Dieu fait de nos ordures le Royaume de Dieu. Plus d'une soixantaine d'heures de confessions rien que cet été, qui m'ont laissé lessivé et heureux, tellement heureux de voir Dieu à l’œuvre de manière si visible pour le prêtre. Infiniment plus visible que pour l'eucharistie.
Joie de visiter mes louveteaux, jeannettes, scouts et guides en camps, d'y célébrer ces deux sacrements. Joie de si belles aventures partagées.
Joie des JMJ. Joie des vacances.
Joie d'être prêtre.

Joie d'être vicaire, à la rentrée de septembre, dans une paroisse dynamique, vivante, avec un jeune curé aux deux cents projets par minute. L'impression de prendre un TGV en marche, en essayant de ne pas le prendre dans la figure ni de le laisser passer sans l'attraper.
Joie des rencontres, multiples, partout, avec des anciens, des familles, des jeunes, des petits, des tout-petits.
Joie de la confiance incroyable et joie de la joie de tous ceux qui accueillent ce "bébé-prêtre" comme un beau cadeau du Bon Dieu.
Joie de se retrouver aumônier d'une aumônerie qui pulse, de se retrouver accompagnateur d'un niveau de catéchisme avec une ribambelle de petits, de se retrouver entouré de servants d'autel alors qu'on ne l'a soi-même jamais été, de retrouver un nouveau groupe scout, de baptiser en pagaille, de proclamer l'espérance chrétienne lors des obsèques...
Joie des parties de jeux de société ou de PS3 dans des familles qui t'accueillent comme si tu avais toujours été le grand frère des plus âgés comme des plus jeunes.
Joie d'être vicaire.

Joie de Noël qui approche.
Joie de, pour la première fois depuis de longues années, avoir le sentiment heureux d'avoir profité à fond de l'Avent.
Joie de célébrer bientôt mes premières messes de Noël, joie de la crèche vivante que toute une ribambelle de bambins répète depuis trois jours dans l'église pour la grande veillée de demain soir.
Joie de Noël.

Joie, enfin et surtout, de savoir que j'en ai oubliées bien plus que j'en ai écrites, de ces joies quotidiennes, certes aussi marquées parfois par le découragement, la fatigue, l'impression de n'être pas à la hauteur, les divisions dans la paroisse, les engueulades, les explications, les bévues à réparer... mais ce soir, joie, joie, joie !

Si, un jour, on m'avait dit la joie d'être prêtre, vicaire, à la veille de Noël, je n'aurais pas désiré autre chose. Aujourd'hui, j'y suis. Merci Seigneur !

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