Petit conte philosophique...
Par P. Vianney le vendredi 16 décembre 2011, 16:27 - Cogitation - Lien permanent
... qui ne prétend pas révolutionner la pensée, ni même être bon, mais simplement, comme tout conte, mettre le doigt à un endroit où ça commence sérieusement à faire mal, dans le but de proposer une guérison (d'aucuns - l'auteur lui-même - diront une "morale", mais c'est fondamentalement la même chose).
Il était une fois un homme très très très riche. Je veux dire, vraiment pété de tunes.
Cet homme avait reçu toute sa fortune à la naissance, et il n'avait jamais eu besoin de se bouger le cul pour ramasser le plus petit centime, puisqu'il vivait dans une pauvre cabane de jardin juste suffisante pour qu'il ne meure pas de froid les nuits d'hiver. De plus, il parcourait les jardins environnants pour y trouver sa pitance, et les gens ne trouvaient rien à redire au fait qu'il leur emprunte, une fois de temps en temps, une carotte ou un radis ou une salade. Il leur arrivait même de lui passer un reste de gigot dont leur chien pourrait bien se passer.
Voilà-t-y pas qu'un jour un homme du fisc débarque chez lui, et lui dit : "Cher Monsieur, vous devez à l’État, au titre de l'impôt, telle somme (et c'était quand même un sacré pactole !) que je vous prie de bien vouloir payer avant mai prochain.
- Mais, mais, répondit le pauvre riche, vous n'y comprenez rien ! Vous ne voyez pas où je vis ? Vous ne voyez pas comment je vis ? N'est-il pas évident que je suis pauvre comme Job et que je ne dois donc rien à personne ?"
Morale de l'histoire : ce n'est pas parce que le riche se fait passer pour un pauvre qu'il l'est. Libre à lui de se faire passer pour pauvre, ou même de s'abuser assez pour le croire, on lui demandera, tôt ou tard, des comptes sur sa fortune et sur l'usage qu'il en aura fait.
Pareil pour vous, pauvres gens qui vivez dans un monde qui vous fait croire que vous n'êtes que des animaux pour mieux vous asservir (et bien souvent, nous nous laissons faire de bonne grâce, ça nous évite de prendre nos responsabilités). Tant pis pour vous si vous vous abusez assez pour ne même plus voir les dons et l'âme spirituels qui vous ont été donnés dès votre conception et que vous vous abaissez à vivre comme des animaux, qui naissent, bouffent, boivent et copulent sans même savoir qu'ils existent. On vous en demandera compte, et alors, ce sera très cher.
Pas sûr que vous puissiez payer.
(Et là encore, nous avons de la chance : on a même poussé la charité jusqu'à payer pour nous... encore faudra-t-il accepter qu'il y ait des comptes à rendre !)
Commentaires
C'est un peu la parabole des talents, que tu nous refais-là, non ?
A ceux qui ont beaucoup reçu, il leur sera beaucoup demandé.
Petite question : pourquoi l'as-tu taguée "Deep Ecology" ?
Tu étais un petit peu énervé quand tu as écrit ça, hein ? Ou alors on n'a pas le contexte...
@Tigreek : pas du tout énervé. Attristé.
@PMalo : effectivement, il y a quelque chose de la parabole des talents. Mais si je l'ai taguée "Deep Ecology", c'est parce que la cabane de jardin est un peu à la condition animale ce que le palais est à la condition humaine. Beaucoup aujourd'hui prétendent ne rien valoir de plus que leur chien. Grand mal leur en prenne, mais ce n'est pas vrai. Et ils devront en rendre compte, parce qu'il n'y a absolument aucune excuse pour une personne douée d'intelligence et de volonté de soutenir mordicus qu'elle n'est qu'un animal. Aucune excuse. Et ça, cela m'attriste profondément...