Lectures du jour :

Première lecture : Gn 19,15-29 ;
Psaume 25,2-3,9-12 ;
Évangile : Mt 8,23-27.

Un contretemps sympathique mais retardant m'a empêché de consacrer le temps que j'aurais souhaité à la préparation de cette homélie... Cela a dû s'en ressentir, non seulement dans l'écriture, mais aussi dans la prédication elle-même ! Le Seigneur fait ce qu'il veut avec son prêtre :)

Homélie :

Hier, ceux qui ont pu aller à la messe ont entendu cette très belle et émouvante discussion entre Abraham et le Seigneur, dans laquelle Abraham négocie avec Dieu le salut de la ville de Sodome. Et Abraham l’obtient à la condition que les anges de Dieu trouvent au moins dix justes dans Sodome… Dix justes au milieu de milliers de pécheurs auraient suffi pour les sauver tous.
Mais voilà, Dieu ne trouve qu’un seul homme qui ne soit pas totalement endurci dans le péché : Loth, le neveu d’Abraham.

Il ne s’agit pas ce soir de reprendre toute la progression de la révélation de la miséricorde de Dieu à travers la Bible et l’histoire de l’humanité ; ce serait pourtant nécessaire pour bien comprendre la beauté de ce texte qui nous est si difficile à entendre aujourd’hui, avec nos mentalités chrétiennes et modernes. Nous le savons, près de 1800 ans se sont écoulés entre Abraham et Jésus, et le Seigneur a eu le temps de conduire son peuple à une compréhension plus profonde de sa justice et de sa miséricorde, miséricorde qui sera pleinement révélée dans la personne et les actes de Jésus-Christ.
Mais il n’en reste pas moins que la dernière phrase de notre lecture nous donne une clé de compréhension du mystère du salut qui nous est obtenu par la Croix du Christ : « Lorsque Dieu a détruit les villes de cette plaine, il s'est souvenu d'Abraham ; et il a fait échapper Loth au cataclysme qui a détruit les villes où il habitait »
Ce n’est pas la justice de Loth qui le sauve : le texte qui nous est donné à écouter ce soir ne parle pas de son comportement pendant la nuit où les gens de Sodome ont attaqué les deux voyageurs, et je ne vais pas le raconter maintenant. Mais Loth, s’il a agi de manière moins mauvaise que ses voisins, n’a pas non plus agi avec une grande sagesse.
Non, ce qui sauve Loth, c’est l’amour de Dieu pour son ami Abraham : « Il s’est souvenu d’Abraham ».

Et ce qui nous sauve, nous, c’est l’amour du Père pour son Fils Jésus.
Puisque le Fils de Dieu a accepté de prendre une nature humaine, il s’est fait notre frère en humanité.
Et puisque cet homme, Jésus, a accepté de donner sa vie pour nous libérer des puissances du mal, le Seigneur Dieu l’a ressuscité d’entre les morts, et il nous libère avec lui, par amour pour lui, du pouvoir de la mort.

Puissions-nous, avec saint Irénée, évêque et martyr, témoigner, par notre vie quotidienne, par notre comportement, et, quand il le faut, par nos paroles, de l’amour de Dieu pour son Fils Jésus-Christ, de l’amour de Dieu pour nous, frères de Jésus-Christ, sauvés par lui.