Lectures du jour :

Première lecture : Dt 11,18.26-28.32 ;
Psaume 30,3bc-4.17.20cd.24ab.25 ;
Deuxième lecture : Rm 3,21-25a.28 ;
Évangile : Mt 7,21-27.

Je n'ai pas réussi à écrire cette homélie : manque de temps, défaut d'organisation, fatigue... raisons multiples et plus ou moins bonnes ! J'avais donc juste une petite fiche avec mon plan, trois mots-clés et un schéma... et, étonnamment - ou pas -, le ton monocorde de mes homélies précédentes (si si, je m'en doutais, mais maintenant j'en suis sûr : une paroissienne m'a enregistré) a disparu !
Forcément, quand tu ne lis pas, quand tu regardes les gens, et quand, tout de même, tu l'as bossée, ton homélie... tu parles à l'assemblée, tu rentres en dialogue avec les personnes qui sont en face de toi, par les regards, les attitudes... Ce que j'ai toujours fait pour les célébrations de baptêmes ou d'obsèques, je n'avais pas encore osé le faire le dimanche !

J'ai perdu mon antisèche, mais j'ai encore le plan dans la tête ; le voici, un peu développé... en guise d'homélie :)

Homélie :

« Seigneur, Seigneur, n'est-ce pas en ton nom que nous avons été prophètes, en ton nom que nous avons chassé les démons, en ton nom que nous avons fait beaucoup de miracles ? - Je ne vous ai jamais connus. Écartez-vous de moi, vous qui faites le mal ! »
Jésus est-il donc tombé sur la tête ??? Prophétiser, chasser les démons, faire des miracles serait-il donc faire le mal ? Certainement oui, puisque Jésus le dit... mais il s'agit de comprendre POURQUOI il le dit !

C'est la fin du discours sur la montagne, et Jésus, dans la parabole de la maison fondée sur le roc ou sur le sable, nous parle d'écouter et de mettre en pratique ce qu'il vient de dire.
Invitation à relire les chapitres 5 à 7 de saint Matthieu... pour découvrir que, nulle part, Jésus ne parle de prophétiser, de chasser les démons ou de faire des miracles.
En revanche, il parle bien d'accomplir la loi de Moïse par une justice surabondante, qui descend jusqu'au fond du cœur au lieu de rester seulement dans les actes extérieurs. Et saint Paul nous dit bien que c'est seulement avec la grâce de Dieu qu'on peut accomplir cette Loi nouvelle qui nous sauve.

Voilà donc quelque chose d'étonnant : on peut faire des choses extraordinaires et ne pas être sauvé ! On peut donner la vie de Dieu à un enfant par le baptême, chose absolument extraordinaire, et ne pas mettre en pratique le discours sur la montagne, et ne pas être sauvé ! On peut, de ce pain et ce vin, faire le Corps et le Sang du Christ et ne pas mettre en pratique le discours sur la montagne, et ne pas être sauvé ! Redoutable...
Et, dans l'autre sens, ce n'est pas parce que certaines personnes font des miracles au Nom de Jésus qu'ils sont vraiment envoyés par lui ! Il s'agit de discerner les missions et les charismes de chacun dans l'Église. 

Deux moyens simples de discernement : 1. le devoir d'état : ton mari rentre du boulot, crevé, les enfants n'ont pas encore dîné, et tu veux aller à la messe ? Pas sûr que ce soit ton devoir, là, maintenant. Ta femme a passé une journée éreintante à gérer vos deux tout-petits, et toi, tu veux aller à la chorale paroissiale en rentrant du boulot ? Pas sûr que ce soit ton devoir, là, maintenant.
2. Prier. Jésus dit bien : "Tout homme qui écoute et met en pratique..." Il s'agit d'écouter le Seigneur dans la prière, de lui demander ce qu'il veut que je fasse maintenant, et de le faire. Et, l'ayant fait, de lui remettre ce travail en lui demandant si je l'ai bien fait, si je devais le faire, dans la prière. Et, ayant prié, d'agir encore, et prier encore, et agir toujours et prier toujours.
Non pas seulement écouter, non pas seulement mettre en pratique ; non pas seulement prier, non pas seulement agir... mais l'un et l'autre ensemble, jamais séparés, finalement tellement unis que l'un et l'autre deviennent une seule action.
Ni seulement contemplatif, ni seulement actif, le chrétien est un contempl'actif !

Et le lieu où les deux trouvent leur source, leur fin, leur efficacité, c'est la liturgie, c'est la messe, où la prière devient action efficace, et où l'action devient prière. Nous y voici !