Cette prière a été composée par saint Ignace de Loyola, et l'on reconnaît là son style volontaire, presque guerrier, qui sied si bien à de jeunes garçons en soif d'un idéal qui les aide à grandir droits dans leurs bottes, sachant à la fois ce qu'ils veulent et que ce qu'ils veulent ne leur est accessible que s'il leur est donné, par pure grâce.

Cette prière, on la connaît depuis très longtemps, on l'a moult fois chantée, plus ou moins de tout son cœur, plus ou moins en tremblant qu'un jour le Seigneur Jésus, invoqué en début de prière, n'exauce notre prière.
Et on la redit ou la chante souvent, à voix basse ou à voix haute, tout seul ou avec d'autres scouts. Plus ou moins de tout son cœur, mais on essaie de l'y mettre. Plus ou moins en tremblant parce que l'on sait très bien qu'on est loin de l'idéal qu'elle présente, et que cet idéal coûte cher : en fait, il coûte la vie.
Cette vie que, pour être pleinement adulte, pleinement homme, on doit apprendre (du Seigneur Jésus) chaque jour à donner, quelle que soit notre vocation. Cette vie que, un jour ou l'autre, on a donnée et, un jour ou l'autre, on donnera dans un engagement... à vie. Cette vie que, un jour ou l'autre peut-être, on donnera une fois pour toutes, si le Seigneur Jésus le veut et nous en donne la grâce : « ma vie, nul ne la prend, mais c'est moi qui la donne » (Jn 10,18, repris dans un chant liturgique).
Avec, souvent, pour seule récompense, celle de savoir que nous faisons la volonté du seul Saint, parce que c'est dans la nuit. La nuit de notre péché. La nuit de notre foi.

Cette foi qui nous permet de toujours croire que cet idéal, cette folie, nous est donné en même temps qu'il nous est impossible. Qu'on ne peut le mériter, mais que ce mérite peut nous être donné dans la mesure où nous entrons dans ce combat du Christ victorieux, que nous attendons la victoire de lui et qu'il nous la donne s'il le veut. Et qu'il le veut ! Alors, quelle joie, finalement ! Dans l'espérance et la charité, le combat de la foi continue.