Lectures du jour :

Première lecture : Is 8,23 – 9,1-3 ;
Psaume 26,1.4abcd.13-14 ;
Deuxième lecture : 1 Co 1,10-13.17 ;
Évangile : Mt 4,12-23.

Homélie :

« Il les appela. Aussitôt, laissant leur barque et leur père, ils le suivirent ».

Aussitôt. Jésus appelle, et aussitôt Jacques et Jean, aussitôt Simon-Pierre et André, laissent leurs filets, leur barque et leur père et suivent Jésus. Les quatre premiers hommes appelés par Jésus lui répondent avec une rapidité, une immédiateté qui nous étonne et provoque notre admiration.
J’ai parfois entendu des gens très brillants nous expliquer que ces quatre hommes avaient dû certainement déjà entendre Jésus durant sa prédication, qu’ils l’avaient certainement déjà rencontré au préalable, et que cela expliquait cette promptitude à répondre à l’appel de Jésus… C’est peut-être vrai, mais cela n’est pas du tout contradictoire, me semble-t-il, avec cet aussitôt : écouter Jésus, c’est une chose, tout laisser pour le suivre, c’en est une autre. Cela fait bien longtemps, n’est-ce pas, que nous écoutons la Parole de Dieu, mais avons-nous entendu l’appel que le Christ nous adresse quand il nous parle, et y avons-nous répondu aussitôt ? Ou ne faisons-nous pas souvent attendre un peu le Bon Dieu ?

Et le Bon Dieu attend… Nous avons entendu, en première lecture, un passage du prophète Isaïe, énoncé au VIIIe siècle avant Jésus-Christ. Et, si vous avez bien écouté, vous avez remarqué que nous avons entendu exactement le même passage, repris par saint Matthieu, au début de l’Évangile de ce jour. Huit siècles, mes amis, huit siècles séparent la promesse, annoncée par le prophète Isaïe, de sa réalisation avec la venue du Christ, notre lumière, dans ces régions du nord du lac de Galilée !
Dans le même passage d’Évangile, nous voyons apparaître à la fois la promptitude de la réponse de quelques-uns à l’appel de Dieu sur eux, et l’extraordinaire patience de Dieu pour son peuple, pour l’humanité tout entière. D’Adam et Ève à l’appel des premiers apôtres, des millénaires ont passé pendant lesquels Dieu a attendu le jour où, aussitôt, certains répondraient à son appel. Pendant des siècles, le Bon Dieu a accompagné son peuple, a refondé des alliances successives avec lui, a toléré ses infidélités répétées, l’a éduqué, l’a corrigé, jusqu’au jour où il a appelé ses apôtres et, aussitôt, ils ont tout laissé pour le suivre.

La patience de Dieu et la promptitude des apôtres ont une seule raison essentielle : l’amour. L’amour de Dieu pour les hommes le pousse à prendre patience, à les attendre activement, en les préparant au jour où ils pourront répondre enfin à son appel. Et l’amour de Jésus pour Jacques et Jean, pour Pierre et André, les pousse à répondre aussitôt à son appel, dans un amour naissant qui déjà se révèle dans toute sa puissance.
On comprend alors pourquoi l’apôtre saint Paul nous appelle si fort à l’unité dans l’amour, cet amour qu’il chantera dans cette hymne à la charité, si belle, du chapitre 13 de cette première lettre aux Corinthiens. « Frères, je vous exhorte au nom de notre Seigneur Jésus Christ à être tous vraiment d’accord ; qu’il n’y ait pas de divisions entre vous ». Eh oui ! Quand il y a des divisions entre des frères dans le Christ, c’est l’amour qui s’affaiblit. Quand la communion disparaît, l’amour peut sembler disparaître complètement.
Et alors, comment ceux que le Christ appelle pourront-ils lui répondre, puisque c’est précisément cet amour qui les pousse à répondre aussitôt ? Qui de nous n’a pas déjà entendu, quand il annonçait la Bonne Nouvelle du Christ mort et ressuscité pour nous sauver, la réponse fatale : « Eh, mon cher, quand vous, les chrétiens, vous vous serez mis d’accord entre vous, tu reviendras me parler de la belle fraternité des enfants de Dieu ! » Ça fait mal !

Mes chers frères et sœurs dans le Christ, nous sommes en plein cœur de la semaine de prière pour l’unité des chrétiens, qui a commencé le 18 janvier et se conclura le 25 janvier, jour où nous fêtons la conversion de saint Paul.
À vues humaines, cette unité de tous les chrétiens nous paraît quasi-impossible. Mais le Christ nous appelle à y travailler, à la fois en répondant à son appel à le suivre, chacun de nous, aujourd’hui, et à la fois en apprenant de lui-même la patience : c’est de lui que nous attendons le don de l’unité dans l’amour, de la même manière que le peuple d’Israël a attendu la réalisation de la promesse du salut. C’est de nous qu’il attend une réponse aussitôt que nous entendons son appel. Puissions-nous l’entendre et y répondre avec le même amour qui a poussé les premiers apôtres à le suivre avec une si admirable promptitude.
Prions !