Lectures du jour :

Première lecture : Is 49, 3.5-6 ;
Psaume 39, 2abc.4ab, 7-8a, 8b-9, 10cd.11cd ;
Deuxième lecture : 1 Co 1, 1-3 ;
Évangile : Jn 1, 29-34.

Homélie :

« Voici l'Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde ».
L’Agneau de Dieu… au peuple d’Israël qui attend un Messie-Roi triomphant, voici que le prophète Jean-Baptiste présente un Agneau.

L’Agneau de Dieu… l’autre jour, quand j’ai montré quelques photos d’agneaux à des enfants du catéchisme, la réaction a été unanime : « c’est trop mignon ! » Oui, un agneau, c’est trop mignon ! Blancheur, douceur, fragilité, dépendance… voilà à quoi nous fait penser l’agneau.
Jean le Baptiste voit venir Jésus vers lui, et lui qui, la veille, a déclaré ouvertement qu’il n’est pas le Messie, aujourd’hui, il proclame : « voici l’Agneau de Dieu ». À des gens qui attendent la venue d’un Messie qui rétablira la royauté sur Israël et qui libèrera le peuple de Dieu du joug de la puissance romaine, il présente un Messie de douceur et de paix.
Mais l’agneau renvoie à une autre dimension du mystère du Christ, à celle de l’Agneau pascal, immolé chaque année au jour de la Paque, en mémorial de cette nuit où le Seigneur a libéré son peuple des mains de Pharaon. Ce Christ de douceur, de paix, sera immolé en sacrifice pour nous libérer du péché. « Voici l’Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde », proclame le prêtre à chaque eucharistie, en présentant aux fidèles la blanche hostie consacrée, le Corps sans défense et tout donné de notre Seigneur Jésus.
Infinie douceur et don de soi jusqu’au don total, sans retour, gratuitement, pour le salut du monde. Voici l’Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde !

Mes chers frères et sœurs dans le Christ, nous vivons dans un monde où le chacun pour soi, la domination, la violence semblent régner. Dans le monde de l’entreprise, pour pouvoir gagner sa place et la garder, encore plus pour progresser, il faut être un gagnant, quitte à marcher sur les pieds du collègue s’il est trop gênant, ou simplement parce qu’il ne prend pas sa place. Dans le monde politique, il suffit d’ouvrir sa radio ou sa télévision ces derniers jours pour entendre et voir cette soif, de pouvoir d’un côté, de liberté de l’autre, et la violence pour garder l’un et conquérir l’autre. Dans la famille, quelle image nous est-elle renvoyée trop souvent, de domination de l’homme sur la femme, et aussi l’inverse, de prise de possession des enfants par les parents…
Mes chers amis, dans mes rencontres avec vous, avec des chrétiens engagés à fond dans ce monde, je suis frappé d’une chose que tous, unanimes, me crient : c’est difficile de vivre en chrétien ! C’est difficile de vivre en chrétien !
« Voici l’Agneau de Dieu »… Christ de douceur et de patience, de miséricorde, qui se donne jusqu’à la mort sur la croix pour nous libérer du mal et du péché ! Christ qui nous appelle à l’imiter, nous qui tenons notre nom, « chrétiens », de son nom. Oui, c’est difficile ! C’est même impossible par nos propres forces.

Alors quoi ? Nous sommes perdus ? Non ! « C’est lui qui baptise dans l’Esprit Saint », nous dit Jean-Baptiste.
L’Esprit Saint, puissance de Dieu à l’œuvre dans le monde depuis la création, puissance de Dieu à l’œuvre dans le Christ, Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde. L’Esprit Saint que Jean-Baptiste a vu descendre sur Jésus au moment de l’inauguration de sa mission, cet Esprit Saint nous est donné au jour de notre baptême pour vivre de la vie de Dieu. Cet Esprit Saint nous est donné au jour de notre confirmation pour combattre avec le Christ, pour transmettre cette vie qui nous a été donnée, pour annoncer le Christ jusqu’aux extrémités de la terre.
Cet Esprit Saint nous est donné pour que nous puissions vivre et agir comme le Christ, dans toutes les situations de notre vie quotidienne. Non, ce n’est pas facile de vivre en chrétien ! Mais oui, avec la grâce de Dieu, avec la puissance et la douceur du Saint-Esprit, c’est possible !

Mes frères et sœurs dans le Christ, vous êtes, chacun, le temple de l’Esprit-Saint. Vous êtes, chacun, un alter Christus, un autre Christ. Baptisés, confirmés, venant communier chaque dimanche à la Parole de Dieu et au Pain de Vie, recevant régulièrement le pardon du Seigneur, vivant de votre sacrement de mariage, ou du sacrement de l’ordre, ou de votre consécration à Dieu, priant quotidiennement, vous recevez les armes du Chrétien, qui sont les armes du Christ : douceur, patience, paix du cœur, amour ardent de Dieu et du prochain, tout cela vous est donné avec le Saint Esprit. Et si, par hasard, vous n’avez pas encore reçu tout cela, demandez-le ! Jésus nous l’a promis, et il ne revient pas sur sa promesse : si nous demandons l’Esprit Saint, soyons sûrs qu’il nous sera donné !

Frères et sœurs, vous qui êtes appelés à vivre en chrétiens dans le monde, aujourd’hui, soyez sûrs de ma prière et de celle de vos prêtres. Et, ensemble, tournons-nous vers le Seigneur dans ce sacrement où il se donne lui-même à nous pour que nous devenions comme lui, Agneau de Dieu offert pour le salut du monde.