Lectures du jour :

Première lecture : Is 2, 1-5 ;
Psaume 121, 1-2, 3-4ab, 4cd-5, 6-7, 8-9 ;
Deuxième lecture : Rm 13, 11-14a ;
Évangile : Mt 24, 37-44.

Homélie :

« La nuit est bientôt finie, le jour est tout proche ».
Nous voici au début d’une nouvelle année liturgique, arrivés au début d’un nouveau cycle qui nous mènera, encore une fois, à travers l’histoire du salut en même temps qu’à travers l’histoire du Christ, de Noël à Pâques, de Pâques à la Pentecôte, de la Pentecôte au Christ-Roi… dans un an. Cette fête du Christ-Roi que nous avons célébrée dimanche dernier, fin de l’année liturgique. Et cela dure depuis bien longtemps : année après année, inlassablement, l’Église nous fait parcourir à nouveau cette histoire qu’on peut avoir l’impression de connaître par cœur. Finalement, ne sommes-nous pas dans un temps cyclique, appelé à se répéter éternellement ?

Nous voici au début d’un nouveau temps liturgique, le temps de l’Avent. Et il suffit de demander aux enfants ce qu’est le temps de l’Avent pour s’entendre répondre, avec une joie non feinte : « c’est bientôt Noël ! » Ah ! Noël, le temps de la belle messe de minuit, le temps des beaux cadeaux, le temps du beau réveillon ! Noël, grande fête liturgique où nous célébrons la naissance d’un enfant… il y a 2000 ans. Finalement, ne sommes-nous pas dans la célébration nostalgique d’un temps lointain, passé depuis bien longtemps ?

Éternité cyclique que les saisons nous rappellent imperturbablement, depuis toujours et, semble-t-il, pour toujours, ou bien nostalgie d’un passé désormais révolu et lointain aux allures de conte de fées à jamais révolu ?

Rien de tout cela !
Isaïe parle au futur, et un futur lointain. Jésus parle au futur, et un futur indéfini. Paul parle au futur, et un futur proche, très proche, peut-être déjà bien présent. Tellement présent que c’est au présent qu’il faut s’y préparer !
La sainte Église, en nous proposant ces textes bibliques dans cette liturgie de début d’année, de début d’Avent, nous met dans la même attitude d’attente que celle de ces derniers dimanches d’année liturgique : le Seigneur vient !

Isaïe parle d’un avenir encore lointain : « il arrivera dans l’avenir », en hébreu, littéralement : « il arrivera après les jours », que les Juifs d’Alexandrie traduiront en grec, carrément : « il arrivera dans les derniers jours », à la fin. Et qu’arrivera-t-il ? Ce que nous avons entendu ces derniers jours dans l’Apocalypse, où saint Jean rapporte cette vision de la Jérusalem céleste descendant du ciel, parée comme une fiancée pour son époux. Dans ce genre littéraire si particulier de la vision, de la révélation prophétique, Isaïe nous donne à voir un monde où règnent la justice et la paix apportées par le Seigneur. Car, dans ces visions, c’est le Seigneur seul qui agit, c’est du Seigneur seul qu’est attendue la délivrance et la justice.

Jésus, dans l’Évangile, nous met en garde de manière plus précise : certes, ces jours sont encore à venir, mais cela ne semble plus si lointain. Ce discours sur la fin des temps prend place, dans l’évangile de Matthieu, juste avant la Passion et la Résurrection du Christ, c’est-à-dire quelques jours avant que ne commence à se réaliser la prophétie d’Isaïe.
Le Christ, en venant dans le monde, en prenant sur lui notre humanité, en portant le poids de notre péché et en sortant victorieux de l’épreuve de la souffrance et de la mort, réalise cette promesse proclamée par Isaïe et les prophètes : oui, Jésus est vraiment le Messie qui vient instaurer son règne de justice et de paix. Mais il le fait de façon humble et cachée, comme un petit enfant dans la crèche de Bethléem, comme un petit enfant offert à Dieu au Temple de Jérusalem, comme un jeune garçon et un jeune homme travaillant aux affaires de son Père céleste en travaillant quotidiennement à l’atelier de Joseph, comme un Roi couronné d’épines trônant sur la croix.
Et, au moment où Jésus va rentrer dans sa Passion, il nous parle de sa venue dans la gloire, au futur, mais dans un futur qui nous place devant un choix présent, aujourd’hui. Jésus s’adresse à chacun de nous, maintenant, et nous dit : « Je suis venu, il y a 2000 ans, humble et caché. J’ai porté ta croix et je t’ai donné la vie de Dieu. Je te laisse le choix : veux-tu, oui ou non, aujourd’hui, entrer dans cette vie ? Veux-tu, oui ou non, aujourd’hui, passer par là où je suis passé ? Quand je viendrai dans la gloire, au moment que je voudrai, seras-tu avec moi ou contre moi ? »

C’est le sens des paroles de saint Paul aux Romains, qui trouvaient déjà le temps long depuis l’Ascension de notre Seigneur à la droite du Père : quand le Christ viendra-t-il ? Pourquoi tarde-t-il ? Et, 2000 ans après, nous attendons encore, et le risque est grand pour nous de nous laisser gagner par le sommeil.
Ce début d’année liturgique, cette entrée en Avent sont pour nous l’occasion de nous remettre à l’heure de Dieu : « c’est le moment, l’heure est venue de sortir de notre sommeil » ! Il ne s’agit pas tellement de prendre de bonnes résolutions à faire plus tard, comme on le fait à chaque nouvelle année ; il s’agit plutôt de nous mettre, aujourd’hui, maintenant, dans cette disposition d’attente vigilante : le jour de Dieu est tout proche ! Il est là, il vient ! Dieu se fait maintenant présent, humble et caché sous l’apparence du pain et du vin, pour nous donner la force et la grâce de l’attendre jusqu’au jour où il viendra dans la gloire. N’attendons pas, commençons tout de suite, maintenant, à l’adorer et à lui rendre grâce.