Lectures du jour :

Première lecture : Ex 17, 8-13 ;
Psaume 120, 1-2, 3-4, 5-6, 7-8 ;
Deuxième lecture : 2Tm 3, 14-17; 4, 1-2 ;
Évangile : Lc 18, 1-8.

Il me faut aussi préciser que cette homélie a été écrite pour une messe où il y a beaucoup de familles et d'enfants : j'ai donc essayé de relever le défi d'un langage simple, accessible aux enfants, sans pour autant être barbant pour les parents... Une gageure !

Homélie :

« Aaron et Hour soutenaient les mains de Moïse, l’un d’un côté, l’autre de l’autre. Ainsi les mains de Moïse demeurèrent levées jusqu’au coucher du soleil. Et Josué triompha des Amalécites au tranchant de l’épée ».
La première lecture que nous venons d’entendre finit sur ces mots, mais elle est tirée du livre de l’Exode, et se situe au milieu d’une grande histoire…

Que s’est-il passé avant cette bataille contre les Amalécites ? Le texte nous dit : « Le peuple d’Israël marchait à travers le désert ». Pourquoi marchait-il dans le désert ?
Quelques semaines plus tôt, le peuple d’Israël a franchi la Mer Rouge à pieds secs, échappant ainsi à Pharaon et à son armée. Premier danger duquel Israël a été sauvé par Dieu.
Trois jours après, le peuple arrive à Mara, et n’y trouve qu’une eau imbuvable. Dieu dit à Moïse d’y jeter un morceau de bois, et l’eau devient pure. Deuxième danger duquel Israël a été sauvé par Dieu.
Peu après, le peuple se retrouve dans le désert, sans rien à manger. Dieu envoie la manne et les cailles, et le peuple mange à sa faim. Troisième danger duquel Israël a été sauvé par Dieu.
Un peu plus tard, l’eau vient à manquer. Dieu ordonne à Moïse de frapper un rocher avec son bâton, et voilà que de l’eau en jaillit, et le peuple peut boire. Quatrième danger duquel Israël a été sauvé par Dieu.
Et nous en arrivons aux Amalécites, qui arrivent et attaquent le peuple en plein désert… et nous connaissons l’issue de la bataille. Cinquième danger duquel Israël a été sauvé par Dieu. Et il y en aura bien d’autres par la suite !
L’esclavage, la soif, la faim, la guerre, la mort… Devant tous ces dangers, Dieu intervient et sauve son peuple, qui en fera mémoire dans son histoire, dans ses écrits, dans sa prière, et c’est ainsi que le psalmiste peut chanter :
« Le Seigneur te gardera de tout mal,
il gardera ta vie.
Le Seigneur te gardera, au départ et au retour,
maintenant, à jamais. »

Mais il manque quelque chose encore, dans mon résumé de cette histoire… Dieu sauve, Dieu garde de tout mal, oui ! Mais encore ? Qu’ai-je oublié ?
Et Moïse ? Que fait-il ? Moïse prie. Moïse, à chaque nouveau danger qu’Israël affronte, se tourne vers le Seigneur et prie. Et le peuple d’Israël aussi prie ! Oh, d’accord, Israël a une drôle de manière de prier : en fait, le peuple râle. A chaque fois qu’un nouveau danger arrive, le peuple murmure contre Dieu et contre Moïse. Moïse, lui, prie, et Dieu lui répond, et Dieu répond, par Moïse, à tout le peuple qui grogne, et il exauce sa prière.
Cela ne nous arrive-t-il jamais de râler contre Dieu ? De lui dire qu’on en a marre de tous ces embêtements de chaque jour, de lui demander, avec peut-être un peu de colère : « Mais qu’ai-je donc fait pour mériter cela ? »
Dieu écoute la prière de Moïse, et il y répond. Dieu écoute la prière – même si cette prière ressemble plus à un grognement qu’à une prière – de son peuple, et il y répond. Dieu écoute notre prière, même quand nous râlons contre lui, même quand elle est maladroite et pas tout à fait juste, et il y répond. Oh, il n’y répond pas toujours de la manière qu’on a demandée, mais, soyons-en sûrs, il y répond.
C’est ce que veut nous dire Jésus dans la parabole qu’il nous propose aujourd’hui : cette veuve n’a peut-être pas formulé sa prière chaque fois d’une manière douce et calme, elle n’y a sans doute pas mis toutes les formes pour parler à un juge, fût-il un mauvais juge. Mais elle a prié, inlassablement, et elle a fini par obtenir justice.
Dieu, lui, n’est pas un mauvais juge. Il est un Père très aimant pour chacun de ses enfants. Il écoute notre prière, même maladroite, même mal formulée, même quand nous râlons après lui. Et il y répond.

Et même mieux encore : comme nous ne savons pas prier, comme nous avons plus tendance à râler qu’à prier, il nous apprend à prier. Rappelez-vous : le Notre Père, qui nous l’a appris ? Jésus ! Et que demandons-nous, dans le Notre Père ?
Nous demandons, avec Jésus, que le règne de Dieu vienne, que sa volonté soit faite. Et Jésus demande avec nous à son Père que nous ayons de quoi manger chaque jour, que nous soyons pardonnés de nos péchés, que nous soyons protégés de la tentation, et que nous soyons délivrés du mal. A ces demandes, si nous les faisons réellement en enfants de Dieu, Dieu notre Père répond toujours.

Résumons tout ce que je viens de vous dire :
-    Premier point : nous avons vu que Dieu agit, que Dieu garde ceux qu’il aime des dangers qu’ils rencontrent, et que Dieu les sauve.
-    Deuxième point : nous avons compris que notre prière, même maladroite et imparfaite, est toujours entendue par le Bon Dieu, et qu’il y répond toujours, parce qu’il est notre Père et qu’il nous aime infiniment.
-    Troisième point : Dieu va même plus loin qu’écouter notre prière ! Par son Fils Jésus-Christ, il vient vers nous pour nous apprendre à prier, avec ses mots à lui, par la prière du Notre Père.
Tout cela nous a été donné en plénitude par Jésus, le Fils de Dieu : Jésus, en hébreu, veut dire « Dieu sauve ». En Jésus, Dieu nous sauve ; en Jésus, il écoute notre prière ; en Jésus, il nous apprend à prier de manière à ce que notre prière soit vraiment une prière qu’il puisse recevoir.

Dans l’Eucharistie que nous célébrons maintenant, Jésus vient se donner à nous pour que nous soyons sauvés : Dieu sauve. De tout notre cœur, remercions-le pour cette merveille de son amour !