La loi sur le "mariage pour tous" est passée en seconde lecture hier à l'Assemblée Nationale. Si le recours au Conseil Constitutionnel est rejeté, elle sera promulguée très bientôt par le Président de la République et applicable vraisemblablement dès mi-juin.

Vous savez ce que j'en pense, et si vous ne le savez pas, vous n'avez qu'à relire cette homélie du 27 janvier dernier pour vous faire une idée claire.

J'entends et lis beaucoup, depuis hier soir, que "le combat continue", et je suis parfaitement d'accord.
Car oui, il y a un combat. Très clair. Un combat, non pas seulement contre le "mariage pour tous" et tout ce qui va l'accompagner (parce que PMA et GPA l'accompagneront et qu'il n'y a aucune raison de croire une seconde les promesses d'un système politique où le mensonge se pratique comme le lavage de dents biquotidien, c'est-à-dire comme une hygiène devenue indiscutable, le tout étant de ne pas se faire prendre), mais plus largement contre tous ceux qui, d'une manière ou d'une autre, défendent et promeuvent une société où le plus fort l'emporte systématiquement sur le plus faible, où chacun est l'ennemi de tous, où chacun a le droit de faire ce qu'il veut même aux dépens des autres... et où la loi entérine ce désordre du péché et de la mort qui a marqué le monde presque dès l'origine.
Oui, il va falloir se battre. Oui, il y a un combat. Il n'est pas nouveau : 

Notre conduite est bien une conduite d'homme, mais nous ne combattons pas de manière purement humaine.
En effet les armes de notre combat ne sont pas purement humaines, elles ont, de par Dieu, la puissance qui détruit les forteresses. Nous détruisons les raisonnements fallacieux et tout ce qui s'élève de manière hautaine contre la connaissance de Dieu, et nous capturons toute pensée pour la conduire à l'obéissance selon le Christ.

(Saint Paul dans sa deuxième lettre aux Corinthiens, au chapitre 10, versets 3-5)

On le trouve aussi à pleines pages de l'Apocalypse, avec le langage particulier qui est propre au style apocalyptique, peu décryptable au profane... sauf qu'il n'y est question presque que de combat, et de combat à mort.

Il y a donc un combat. Et qui dit combat dit ennemis.
Oui, nous avons des ennemis, et des ennemis puissants, qui ont des armes bien humaines, bien dégueulasses parfois. Mensonge, hypocrisie, malhonnêteté intellectuelle, dissimulation, coup de force, insulte, ironie blessante... pas de problème, ils ont tout un arsenal.
Mais deux choses m'apparaissent alors, en parlant d'ennemis : 

1. Mon premier ennemi, c'est moi-même, dès lors que j'agis mal, que je veux le mal, que je fais le mal. Dès lors que j'utilise ces armes bien humaines et bien mauvaises, celles citées ci-dessus et bien d'autres. Et je me dois de combattre cet ennemi de manière ferme et efficace... avec les armes qui sont celles que Dieu utilise alors lui-même contre moi.
2. Nos autres ennemis, je n'ai pas besoin de les nommer, vous les trouverez bien, et, si vous ne les trouvez pas, ils vous trouveront.
Je prendrai un seul exemple. Quand je lis, en-dessous d'une photo de Madame Taubira (dont je suis bien obligé de reconnaître que c'est une ennemie, et redoutable !), des choses comme ceci : "une démone !", ou encore "une pue la haine", ou bien "une pute à haine"... je reconnais, là encore, des ennemis, parce qu'ils utilisent exactement les mêmes armes que mes ennemis, et que c'est ce qui les constitue précisément comme mes ennemis.

Nous voilà bien mal barrés.

Et voici ce que Jésus nous dit :

"Aimez vos ennemis, et priez pour ceux qui vous persécutent, afin d'être vraiment les fils de votre Père qui est dans les cieux ; car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et tomber la pluie sur les justes et sur les injustes."
(Évangile selon saint Matthieu, au chapitre 5, verset 44-45)

Chers amis (ou chers ennemis), nos ennemis sont nos frères, d'abord parce que bien souvent nous sommes précisément leurs frères en agissant de la même manière, et ensuite parce qu'ils sont les enfants, que nous le voulions ou non, du même Père, et les créatures du même Créateur, créés à l'image du même Créateur que nous.
Envers eux, la seule solution est d'utiliser les armes que Jésus lui-même a utilisées : la discussion quand il est temps, le silence quand il est temps, le calme toujours, la charité et la vérité toujours (et celles de Jésus, pas celles qui permettent à certains d'aller taper des CRS comme des sagouins), la douceur quand il est temps, la vigueur et la fermeté quand il est temps. 

Et surtout, surtout, la prière et le don de sa vie au Père pour le salut du monde.

Chrétiens, voilà le programme. C'est à prendre ou à laisser.
Et chaque fois que nous le laisserons, il y a des prêtres qui nous attendent avec une étole violette.

À l'assaut ! Courage ! Dieu (nous) vaincra !

Post-scriptum : sur la question de la violence - puisqu'il n'y a pas de combat sans violence -, j'aimerais prendre le temps d'écrire quelques fruits d'une réflexion en cours... la question étant de savoir quand j'aurai le temps

Re post-scriptum : oui, je sais qu'il y a des chrétiens et des catholiques pour le mariage gay. Si mes ennemis sont mes frères et que je dois les aimer, ils n'ont pas de peur à avoir : ils sont mes frères, et mes frères chrétiens qui plus est. La confrontation a été, est et sera ferme, mais j'apprécie du fond du cœur d'en voir un certain nombre (et pas que des chrétiens, d'ailleurs) qui sont capables de faire la différence entre un ami et l'amitié qu'il nous porte, d'une part, et la confrontation d'idées et de mœurs, d'autre part, l'un n'excluant pas l'autre et réciproquement. Je les en remercie de tout cœur.