J'ai été profondément choqué par le climat de cette audition (je ne trouve aucune vidéo la rapportant dans sa totalité ; je l'ai, pour ma part, regardée en direct).

Ce que j'ai pu entendre des représentants des différents cultes a été globalement d'une grande qualité, énoncé posément, avec un grand respect pour la commission qui était en face d'eux (ce qui est la moindre des choses).
J'ai regretté que le représentant du culte musulman oppose à la loi française en préparation la loi coranique, que je respecte mais qui ne m'oblige pas ; j'ai aussi regretté que la représentante du culte bouddhiste passe les trois quarts de son temps a exposer ce qu'est le bouddhisme pour aboutir au fait qu'elle se demandait - en gros - ce qu'elle pouvait bien dire.
Toutefois, cela restait infiniment respectueux, cela posait de vraies questions, complexes et sérieuses, que l'on ne peut pas traiter par-dessous la jambe.
J'ai remarqué que ce que j'ai entendu des représentants des cultes chrétiens (et notamment catholique) était très essentiellement d'ordre rationnel, historique, sociologique et juridique. C'est-à-dire sur des plans qui sont accessibles à tout homme de bonne volonté, qu'il soit d'accord ou pas avec les arguments avancés. Je ne me rappelle pas avoir entendu d'argument proprement religieux, relevant de notre foi.

Ce que j'ai entendu des membres de la commission qui étaient censés écouter ceux qu'ils recevaient (en deux heures... admettons !) était globalement d'un autre ordre : une attaque en règle de la et des religions, me semble-t-il essentiellement tournée contre l’Église catholique (mais je peux souffrir d'un syndrome de victimisation, je ne l'affirme donc pas), ne répondant à aucune des questions posées, avec un mépris ouvertement affiché pour ce que représentaient les personnes assises devant eux. Ironie cinglante, violence des propos, raccourcis historiques hors contexte et affirmations grossières...
J'ai été scandalisé par cet extraordinaire... lynchage (j'allais écrire "f...age de gu..."), en direct, par une commission supposée démocratique, sans même laisser de place à une réponse des accusés, car en fait ils étaient, à ce moment-là, devant un tribunal populaire à charge contre eux.
Rien de mieux pour nous rappeler que la République française a été fondée sur l'une des périodes les plus violentes de notre histoire, où l'on assassinait ouvertement dans les rues et sur les places tous ceux qui ne pliaient pas devant la doxa d'un tribunal du peuple qui ne représentait que les idées révolutionnaires. Une différence toutefois : je ne crois pas que la guillotine ait été dressée aujourd'hui. Elle n'aurait pas vraiment déparé.

Si, je suis dans le sujet, croyez-moi.

 

Ce soir, je réalise soudainement une chose.
Je crois qu'il n'existe aucun argument rationnel sérieux en faveur du mariage de couples de deux personnes de même sexe. Je n'en connais pas, à part une certaine forme d'égalitarisme prétendant que tout se vaut, ce qui amène pourtant nécessairement à dire, à penser et à agir comme si rien ne valait rien.
Je suis prêt à en entendre de sérieux, et j'ai déjà pas mal discuté avec des gens en désaccord profond avec moi et d'une correction quasi-exemplaire (une pensée pour Cécile, pour Fabien, pour bien d'autres). J'espère avoir été à la hauteur.
La différence entre les discussions que j'ai eues et celle que j'ai vue aujourd'hui à l'Assemblée Nationale, c'est que nous voulions réellement nous convaincre, mais nous n'avons jamais utilisé la violence pour ce faire.

Je constate une chose : quand on a une chose qui n'est pas de l'ordre de la raison (qu'il le dépasse en l'assumant, comme je pense que le fait la foi catholique, privilégiant la révélation divine ; ou bien qu'il refuse l'ordre rationnel, comme je crois que l'argumentation en faveur du "mariage pour tous" le fait, privilégiant largement l'affectif), soit on le propose à la personne que l'on peut vouloir convaincre, par notre vie, notre parole, notre persuasion respectueuse... soit on l'impose, et on l'impose nécessairement par la violence. C'est ce que j'ai vu ce soir, et je crois que c'était suffisamment visible pour que cela parle par soi-même à toute personne de bonne volonté.

Pour ma part, ma religion m'interdit la violence, non seulement parce que son fondateur l'interdit, mais parce qu'elle est irrationnelle et que ma foi refuse l'irrationnel (même si elle dépasse la raison sur certains points, mais sans renier jamais la raison ou la conscience personnelle). Je ne parlerai pas des autres religions.
Je comprends que certains, par le passé ou même aujourd'hui, veuillent imposer la religion chrétienne par la violence. C'est tellement plus facile. Je le désapprouve fermement et définitivement, parce qu'imposer l'amour de Dieu et du prochain par la violence est un pur non-sens. Je n'utiliserai jamais la violence dans ce débat, ni dans aucun autre.

Seule la vérité s'impose par elle-même. La violence la dessert toujours.
Si vous croyez en ce que vous faites, Messieurs et Mesdames les Députés, les Ministres, les Élus de notre République, n'utilisez jamais la violence : elle vous desservira toujours, elle ne servira jamais vos causes, fussent-elles justes. Vous ne pouvez pas reprocher aux religions (même si, parfois, c'est à juste titre) d'utiliser la violence et, juste après, leur donner une leçon de maître en la matière. C'est insensé.
Je crains toutefois que, aujourd'hui, si vous voulez faire passer cette loi, il vous faudra nécessairement user de la violence, parce que, fondamentalement, nier la différence des sexes comme fondatrice de toute société est une violence faite à la réalité. L'irrationnel appelle nécessairement la violence. Bon courage !

Pour ma part, puisque la démocratie est si ouvertement bafouée jusque dans le coeur même du lieu qui est censé la représenter et la rendre possible, j'irai dans la rue, sous une bannière qui refuse la violence, sous une bannière apolitique et aconfessionnelle, parce que je crois que l'enjeu dépasse ici toute religion.
Pour la même raison, je refuserai systématiquement de participer à toute manifestation, de quelque ordre qu'elle soit, qui utilise la violence comme un moyen d'imposer une opinion, fût-elle la vérité elle-même.